La tuyauterie

 

Élément essentiel sur un orgue, les tuyaux.

 

Sur l’orgue de Saint-Léger, il y a environ 2400 tuyaux.

Distinguons 2 catégories :

  • Les tuyaux à bouche
  • Les tuyaux à anches

Les tuyaux à bouche sont eux-mêmes décomposés en plusieurs familles :

  • Les principaux, tuyaux qui ont un timbre clair et donne à l’orgue son assise.
  • Les flûtes, qui, pour une même hauteur de note, ont un diamètre plus important que les principaux, ce qui leur donne cette teinte flûtée.
  • Les ondulants, sont accordés un tout petit peu plus « faux » que leur note réelle, qui, en ajout avec un autre tuyau accordé juste, leur donne un effet ondulant.
  • Les mutations, qui ont particularité de ne pas produire la note jouée au clavier, mais une harmonique. Par exemple, le jeu de « nasard 2 ⅔ » jouera une quinte. Si on appuie sur un do du clavier, le tuyau joue un sol. Idem pour le jeu de « tierce 1 3/5 » qui joue la tierce de la note jouée : si on joue un do au clavier, la note joue le mi.
  • Les mixtures, composées de plusieurs rangées de tuyaux qui parlent simultanément et sont constituées de principaux et de mutations, a des octaves aigües qui donneront la brillance d’un plein-jeu.

Les tuyaux à bouche

 

Il y en a de 2 sortes :

  • Tuyaux en métal (mélange en proportions variables selon les timbres) en étain, en plomb, en cuivre, zinc (plus utilisé de nos jours)
  • Tuyau en bois : chêne, châtaignier, pin…

Leur principale différence réside dans le timbre.

Les tuyaux à bouche (comme ceux que l’on voit en façade des orgues) sont les plus nombreux et leur forme, taille et composition du métal varie pour donner leur timbre.
Il existe des tuyaux cylindriques, coniques, fuselés, de petit et de gros diamètre, ouverts, bouchés…
Tout cela réuni va leur offrir un timbre différent.

Les tuyaux en métal ou en bois ont le même principe de fonctionnement.

De l’air rentre dans le pied et une partie sort par la bouche en traversant la lumière et l’autre provoque une onde dans le tuyau en franchissant la lumière et le biseau.
Comme vous pouvez le voir sur le schéma ci-contre, l’onde sonore sort de la bouche, mais est « créée »dans le résonateur. Plus le résonateur est long, plus le tuyau est grave.
Ce que l’on appelle « Demi-onde » est pour le cas d’un tuyau bouché au-dessus. Le tuyau est « fermé » en haut, la raison pour laquelle l’onde à l’intérieur du résonateur fait deux fois plus de chemin, le tuyau est deux fois plus grave qu’un tuyau de même taille « ouvert ».

Certains jeux (timbres) demandent d’être fermés pour donner leur timbre spécifique, il se peut également que, par manque de hauteur dans l’instrument, les tuyaux soient bouchés puisqu’en les bouchant, ils prennent deux fois moins de hauteur.

L’accord de tuyaux à bouche peut se faire de plusieurs manières :

  • Soit par ouverture d’une bande de métal et cette bande est enroulée ou déroulée comme une boite de sardine à l’arrière du tuyau (ce que l’on fait fréquemment pour les tuyaux de façade).
  • Soit par les oreilles (petites plaques de métal soudées de part et d’autres de la bouche)
  • Soit par la coupe au ton (le corps a une dimension définie qui donnera sa hauteur de note).
  • Soit par évasement ou rétractation du haut du tuyau à l’aide d’un accordoir conique pointu ou creux.

 

 

 

 

 

 

Les tuyaux carrés (en bois) fonctionnent sur le même principe que les tuyaux à bouche.
Ce sont souvent des jeux doux, mais graves et sont généralement bouchés pour leur timbre et pour gagner de la place en hauteur.

Leur accord se fait par le tampon. Plus on le pousse à l’intérieur du tuyau, plus le son est aigu, plus on le retire, plus est grave.

Le cas des mixtures

Les mixtures sont des jeux complexes qui font parler plusieurs tuyaux pour une seule note. Comme ce sont de petits tuyaux de hauteurs différentes, ils donnent des «résultantes» pour qu’ils paraissent plus grave que leur taille réelle.
Pour faire très simple et très réducteur, sur les tuyaux à bouche, si on joue simultanément deux notes, do — sol (qui est une quinte), à l’oreille, on a l’impression que, harmoniquement, l’on entend une octave en dessous. Les mixtures, avec leurs petits tuyaux, ont besoins de ces harmoniques d’octaves et de quintes pour ne pas être trop aigües.

Comme ce sont des sons aigus dès les basses du clavier, pour que les tuyaux restent audibles, on recourt à faire des « reprises », c’est-à-dire que dès les notes sont trop aigües, on revient à des notes plus graves et on recommence. C’est assez technique.
Sur le schéma suivant, on voit la courbe des reprises d’un plein-jeu de cinq rangs (qui augmente à six après un peu plus d’une octave).
On voit bien les pics et les descentes qui sont les reprises. Le haut des pics est la note la plus aigüe.

 

Les tuyaux d’anches

 

Les tuyaux d’anches ont un fonctionnement un peu différent des tuyaux à bouche.
Ce sont principalement des tuyaux éclatants comme des trompettes.
Il y a plusieurs timbres dans les tuyaux d’anches, tout réside dans la forme du résonateur.

Principe : l’air rentre dans le tuyau par le pied, fait vibrer l’anche, s’engouffre dans la gorge (ou rigole) et sort par le résonateur.

Au contraire des tuyaux à bouche, un tuyau d’anche ne peut pas être bouché, mais, si on manque de hauteur, on peut le couper pour en faire une sorte de siphon, comme en plomberie. Le timbre en sera peu affecté.

L’accord se fait par déplacement de la rasette sur l’anche.
Plus on tire la rasette vers le haut, plus on a un son grave, plus on la pousse vers le pied, plus le son est aigu.

La taille des tuyaux

Sur un orgue, et vous avez pu le voir sur la page consacrée à la composition de l’orgue de Saint-Léger, il y a des chiffres à côté du nom des jeux.

Par exemple : Bourdon 16, Prestant 4, Nasard 2 2/3.

 

Qu’est-ce que c’est ?

Prenons le Bourdon de 16. Le chiffre 16 correspond à la taille du tuyau le plus grave du jeu, en pieds.
Le pied correspond à environ 32 cm.
Ainsi, le tuyau le plus grave du Bourdon de 16, le premier « do », mesure 16 × 32 cm. Soit, 512 cm ou 5,12 m. Plus on va vers l’aigu, plus les tuyaux sont petits.

Les sommiers

Tous ces tuyaux sont posés sur des grosses pièces en bois que nous verrons plus en détail dans la partie « La mécanique ».

Ces sommiers sont une pièce maitresse de l’orgue. C’est un objet d’art à lui tout seul, tant il doit être réglé au 1/10ᵉ de millimètre pour certaines pièces.

Étanche, solide, il est confectionné avec du chêne spécialement sélectionné dans l’arbre pour éviter les déformations (du merrain comme les tonneaux).
C’est là, notamment, que tous les tuyaux reposent pour recevoir leur air.

 

 

Quelques extraits sonores de différents mélanges caractéristiques de l’orgue