Les éléments mécaniques de l’orgue

L’orgue est principalement un instrument mécanique de la touche jusqu’à la soupape permettant de faire parler le tuyau. Les technologies actuelles permettent d’alléger grandement la partie mécanique, au détriment de l’effet « décollement de soupape » que les organistes recherchent et qui se manifeste par un toucher beaucoup plus précis.

 

L’orgue contient énormément de pièces mécaniques (en métal, en bois ou en peau). Elles peuvent être ajustées au dixième de millimètres !

À Saint-Léger, toute la mécanique de tirage de notes est électrique, les notes sont actionnées par des électro-aimants.
Les boites expressives du positif et du récit sont mécaniques et tout le reste du cœur de l’orgue est mécanique avec des aides pneumatiques.

Cette page sera dense en informations, tant il y a de choses à dire à propos de la mécanique !

Le clavier

Le clavier est la pièce finale où toute la mécanique se rejoint, tout est rassemblé en un seul point, c’est l’ordinateur de bord !

À Saint-Léger, nous avons une console électronique, 3 claviers et sous chaque touche un capteur à « Effet Hall », une première mondiale en 1990. Ces capteurs permettent de gérer l’enfoncement de la touche pour déclencher l’ouverture de soupape.
Les cartes électroniques permettent de gérer les claviers, les accouplements, les tirasses, les octaves aigües, les octaves graves, le tutti, etc.

 

D’autres photos de l’intérieur de la console sont disponibles ici.

C’est ici également que les timbres (jeux) sont sélectionnés : de part et d’autre des claviers (photo ci-dessous), il y a un « Panel » avec des boutons poussoirs qui s’allument quand le jeu est sélectionné. Il y en a deux totalement identiques à droite et à gauche. Cette disposition permet à l’organiste qui improvise, de jouer de la main droite et avec la gauche, de changer les jeux et vice-versa, ce qui est très pratique.

Ce « Panel » est divisé en plusieurs sections (séparés par des séparateurs en bois) avec, de bas en haut :

  • Les jeux du pédalier,
  • Les jeux du Grand-Orgue (clavier principal),
  • Les jeux du positif expressif,
  • Les jeux du récit expressif,
  • Les accouplements, octaves aigües, graves, les tremblants, le tutti.

 

 

Sous le clavier du Grand-Orgue se trouve également des boutons poussoirs qui correspondent au combinateur.

Le combinateur est une pièce électronique complexe qui sert à enregistrer des combinaisons de jeux. Ainsi, l’organiste appuie sur un bouton et tous les jeux enregistrés s’enclenchent automatiquement. Il existe 1024 combinaisons disponibles.

Les mêmes boutons sous le clavier se trouvent aux pieds avec des champignons pour que l’organiste change de combinaisons pendant qu’il joue au clavier.

Les soufflets

 

Ce sont les poumons de l’orgue.

Ils peuvent être en nombre variable, et de formes différentes selon le type d’instrument.
Sur cet orgue, il y a quatre gros réservoirs à tables parallèles doubles plis, et un réservoir anti-secousses pour les chamades (trompettes horizontales).

 

Suivant les époques, 2 grands types de soufflets ont été utilisés :

  • Soufflets cunéiformes (en forme de coin)
  • Soufflets à tables parallèles

Les soufflets cunéiformes sont les ancêtres de nos soufflets actuels.

Ces soufflets étaient donc actionnés à la main, alternativement, et plus ou moins rapidement en fonction de la demande d’air. Plus l’organiste joue avec un nombre de jeux importants et très gourmands en air, plus le souffleur devait rapidement regonfler les soufflets.
Ils sont composés d’une table et entre le socle et cette table sont disposés des plis intérieurs et extérieurs pour contrebalancer la pression intérieure. Sous cette pression d’air interne, les plis intérieurs s’écrasent alors que les plis extérieurs s’ouvrent.

Sur les tables se situent des poids qui permettent d’avoir la pression voulue.

Avantages: être son propre moteur, pas besoin d’un moteur électrique (bien que certains instruments utilisent des soufflets cunéiformes avec un moteur électrique), et son « vent » est constant et régulier. Il ne provoque pas d’accoups si l’organiste doit jouer des accords rapides.

Inconvénients: Il faut être deux pour faire fonctionner l’intrument: l’organiste et le souffleur. Nécessite beaucoup de place à l’extérieur de l’orgue.

 

Les soufflets à tables parallèles sont la norme depuis très longtemps maintenant dans les orgues symphoniques, romantiques, néoclassiques, etc.
Ils sont composés d’une ou plusieurs tables parallèles qui accueillent entre celles-ci des plis intérieurs et des plis extérieurs, comme les soufflets cunéiformes, pour contrebalancer la pression interne.

Ils possèdent également des poids sur la table supérieure pour mettre de la pression souhaitée.

Avantages: Grandes réserves d’air possible, gain de place (ils peuvent se mettre très facilement dans le soubassement de l’orgue).

Inconvénients: Nécessite un moteur électrique pour les alimenter, n’a pas un vent stable, et a besoin d’une boite à rideau pour autogérer l’afflux d’air venant du moteur pour éviter que les soufflets ne montent indéfiniment.

 

Qu’est-ce qu’une boite à rideau ?

Une boite à rideau (ou boite régulatrice) est un système très ingénieux qui se situe juste après la sortie de ventilateur et qui, comme son nom l’indique, est composée d’une boite et d’un rideau.
Comme le montre la vidéo ci-contre, nous sommes à l’intérieur de cette boite, le moteur est devant nous. Avec un système de cordes et de poulies reliées au soufflet, le rideau s’ouvre en fonction de la demande d’air.

Si le soufflet consomme de l’air, le système de cordes et poulies va ouvrir ce rideau pour faire rentrer l’air arrivant du moteur et se refermer quand le soufflet sera de nouveau rempli d’air.

 

Soufflets cunéiformes, actionnés alternativement à la main.

 

 

 

Soufflets à tables parallèles et à plis compensés.

Les sommiers

 

Pas le temps d’niaiser dans cette section comme diraient nos amis québécois !

C’est le cœur de l’orgue, là où tout arrive et où tout part (de toute manière, selon comme on est tourné, ça change tout !)

Le sommier est la pièce la plus complexe de l’orgue. Il reçoit les tuyaux, l’air sous pression venant des soufflets et qui distribue cet air à chaque tuyau sélectionné. Il peut y en avoir plusieurs sur un orgue. À Saint-Léger, ils sont au nombre de neufs, plus ou moins importants.

Il existe plusieurs sortes de sommiers, le sommier à registres (ou à coulisse) étant le plus courant et c’est celui-ci qui va être décrit.

Allons voir maintenant les différentes parties d’un sommier.

 

Schéma de coupe d’un sommier
(L’art du facteur d’orgue – Dom Bedos de Celles)

Secrets de fabrication d’un sommier

Le sommier est fabriqué avec la crème de la crème du chêne.
Il faut un bois sans nœuds, sans aucun défaut et surtout pris dans une partie spécifique de l’arbre. Un peu comme le merrain des tonneaux.

On commence par un cadre en bois de chêne, appelé « Châssis ».
Ce cadre est rainuré pour accueillir des « Barrages ». L’espace entre chaque barrage est appelé « Gravure ».

Chaque gravure correspond à une note, nous le verrons plus tard.

Une « Table » est posée sur le dessus du châssis et percée de trous. Ces trous correspondent à la sortie d’air d’un tuyau et il y a un trou par tuyau.

Une seconde table est collée dessous le châssis et rainurée sur une petite partie. Il y a une rainure par note. C’est là que seront installées les soupapes, terminaison de la mécanique qui vient du clavier.

 

Le saviez-vous?

Tous les barrages, toutes les tables et l’intérieur des gravures (et d’autres parties de l’orgue) sont encollés, badigeonnés de colle naturelle, qui est généralement un mélange d’eau, d’os et de nerf de bœuf chauffés au bain-marie à environ 70°C. Cette colle naturelle est extrêmement résistante au temps, aux variations de température et à l’humidité.

 

 

Sur le dessus de la table, on va fixer ce que l’on appelle des « Faux-Registres », qui vont être collés entre les trous (qui correspondent à des tuyaux).
Entre ces faux-registres, vont venir se placer les « Registres ».
Ces Registres sont des pièces coulissantes sur la table et enduite de graphite pour améliorer le glissement.
Au-dessus de ces registres sont fixés des « Chapes ».

Pour faire tenir les tuyaux debout, il leur faut une aide et c’est là qu’interviennent les « Faux-Sommiers ». Ce sont des pièces de bois qui sont percées du diamètre de chaque tuyau.

 

Nous avons parlé des soupapes tout à l’heure, elles se trouvent dans la « Laye ». C’est une boite hermétique, sous pression (le même que dans le sommier). À chaque touche du clavier (ou du pédalier) correspond une soupape. Chaque soupape est de forme souvent triangulaire, et la partie en contact avec la table est recouverte d’une peau d’agneau pour en assurer l’étanchéité.

 

Alors finalement, comment ça fonctionne ?

Si un registre est « ouvert », c’est-à-dire que l’organiste a sélectionné un Bourdon, par exemple, par un procédé mécanique, le registre coulisse pour faire coïncider les trous de la table avec ceux du registre. Il appuie sur une note et le tuyau parle.
À l’inverse, quand l’organiste ne veut plus du Bourdon, il le désélectionne, le registre se ferme et ses trous ne coïncident plus avec les trous de la table, donc les tuyaux ne parlent plus.

 

Principe de fabrication d’un sommier

 

 

 

 

 

 

Petit résumé de cette page en image !
Simple, non ?