Les tempéraments et la pose d’une partition

Les tempéraments

Les tempéraments peuvent se retrouver dans l’orgue, le clavecin, le piano (mais également la harpe, les tympanons, etc.)

C’est une partie très complexe, mais essentielle dans un orgue.

Les tempéraments sont l’âme sonore d’un orgue, et ils ont évolué avec l’évolution de l’harmonie à travers les âges.

Sans rentrer dans des détails mathématiques beaucoup trop complexes, nous allons grossièrement résumer ce qu’est un tempérament.

Au départ, il y avait le tempérament pythagoricien qui était l’accord « juste » des quintes consécutives d’une octave (quinte = l’écart de cinq notes, exemple : do/sol. Do, ré, mi, fa, sol = 5 notes).
Seul problème, c’est que la dernière quinte de l’octave n’était pas juste, voire très fausse, c’est ce que l’on appelle : « La Quinte du Loup ».
Ce tempérament ne laissait pas de place à beaucoup de fantaisie : transposition dans une autre tonalité très difficile, voire impossible, tonalités extrêmement réduites, etc.

En voyant le schéma ci-contre, certains vont dire: « Ok, mais Do et Si♯ c’est pareil ». Oui, mais non! Pas après l’accord juste des 11 quintes précédentes justes ou pures.

La différence entre cette quinte du loup et cette même quinte juste est appelée « Comma » et c’est sur ce comma que les harmonistes et les facteurs d’orgues vont travailler au cours des siècles suivants.

 

Ils vont créer les autres tempéraments, les autres tempéraments mésotoniques, les tempéraments inégaux et le tempérament égal.

Ce comma doit être divisé en douze sur une octave, une octave étant divisée de douze demi-tons.
Par conséquent, ils vont privilégier la justesse de certaines quintes, tierces (intervalle de trois notes), certaines seront pures — c’est-à-dire juste -, d’autres moins, ce qui va privilégier certaines tonalités plutôt que d’autres.

Le tempérament égal quant à lui va diviser le comma en 12 parties égales en rendant toutes les quartes (intervalle de quatre notes) plus grandes que pures — autrement dit, on accorde cette quarte juste, puis on augmente cet intervalle d’environ 1 battement/seconde. (Avec de l’entrainement, on perçoit ce battement à l’oreille très distinctement). On fait l’inverse avec les quintes qui, elles, sont plus petites d’un battement/seconde que pure.
La seule chose qui sera juste, c’est l’octave.

Le battement est ce que l’on entend à l’oreille, une sorte d’ondulation sonore. Alors, il est impossible de l’écouter chez vous, il faut vraiment être à l’orgue pour entendre et sentir ces battements. Une oreille avertie l’entendra tout de suite, mais c’est comme tout, ça se travaille!

 

Quelques exemples de tempérament :

  • Pythagoricien
  • Mésotonique
  • Werckmeister III, IV, V, VI
  • Kirnberger I, II, III
  • Rameau
  • Dom Bedos de Celles
  • Tartini-Vallotti
  • Égal

Il en existe une infinité du fait que l’on puisse répartir le comma de « la façon que l’on veut ».

 

Différence entre le tempérament mésotonique et égal.
Le tempérament mésotonique va vous paraitre « faux » à l’oreille, c’est normal, c’est la répartition des 12 commas qui fait cet effet.
Réécoutez plusieurs fois l’extrait pour bien percevoir la différence

Autre exemple ici avec un extrait de la Fantaisie en Sol mineur de J.S. Bach BWV 542. La première fois, l’extrait est joué avec un tempérament Werkmeister IV (qui favorise les montées (ou les descentes) chromatiques, par exemple : do, do♯, ré, ré♯, etc.) et la seconde fois en tempérament égal. Réécoutez plusieurs fois pour bien entendre les différences. Exemple : l’accord de la 12ᵉ et 13ᵉ seconde en tempérament Werckmeister IV, et le même accord à la 46ᵉ et 47ᵉ seconde en tempérament égal. Ce n’est pas évident, mais si vous sentez la différence à l’oreille, c’est que l’oreille musicale est là !

La partition

La pose de la partition est la mise en place d’un tempérament. (Et la pose de la partition n’est pas la pose d’une feuille de papier avec de la musique écrite dessus sur un pupitre, c’est plus compliqué que ça !)

On ne peut pas mettre un tempérament mésotonique sur un instrument symphonique ! Un tempérament se met sur un instrument créé pour cela.

Après avoir décidé quel tempérament mettre sur un orgue, on va « poser une partition » qui est la toute première étape dans l’accord d’un orgue.

Cela se passe sur une seule octave et cela fait écho au tempérament que l’on a choisi. Une fois les quartes, les quintes, les tierces, et la première octave accordées, il suffit de reproduire ce modèle d’accord au reste des notes du ou des clavier(s).